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Quelles stratégies d’influence pour la France ?

Les Grands Dossiers de Diplomatie n° 44
Affaires stratégiques et relations internationales

Entretien avec Philippe Clerc, conseiller expert en intelligence internationale, CCI France.

Le soft power désigne la capacité d’influence et de persua- sion d’un État, de ses acteurs politiques, économiques et culturels sur la scène internationale. Pourquoi l’influence est-elle stratégique ? P. Clerc : Dans la « dialectique des volontés et des intelligences » (Coutau-Bégarie) qui fonde toute stratégie, l’influence, « pointe de diamant de l’intelligence stratégique » (Delbecque), per- met de peser sur les situations, d’influencer les règles du jeu, mais aussi les modes de pensée, la culture de l’Autre. Elle est la faculté d’orienter ses décisions, de le faire agir dans le sens de nos intérêts, voire de partager des intérêts. C’est en ce sens que l’influence est stratégique. En complément, rajoutons qu’une stratégie d’influence repose sur trois piliers fondamen- taux : l’intelligence de la situation ; la séduction et l’attractivité – les Américains parlent de séduire les cœurs et les esprits – ; et enfin l’intervention et le formatage – shaping the world – : l’exercice d’un pouvoir qui est l’objectif de toutes stratégies de puissance. L’influence est bien, comme l’écrit Michel Foucher, une géopolitique. La maîtrise de l’information et de la connais- sance y joue un rôle central, aujourd’hui transformé par la révolution numérique. Les batailles d’influence se jouent dans le cyberespace.

Territoire-monde virtuel, ce dernier est le véhi- cule de campagnes de déstabilisation considérables par des États, des entreprises, des groupes criminels et terroristes. Le hacking d’influence en est l’illustration aboutie. La guerre de l’information et l’influence dessinent de nouveaux affronte- ments dont l’enjeu (1) est la prise de contrôle du « mental du public ». Fort de cela, je souhaite ici revenir un instant sur un point central. Vous introduisez votre question en utilisant le concept de « soft power » inventé et développé dans les années 1990 par Joseph Nye, professeur à Harvard et secrétaire d’État adjoint à la défense auprès du président Clinton. Il correspond donc à des représentations et des préoccupations stratégiques américaines. Le président Obama a d’ailleurs réactivé les stra- tégies de soft power au moment du déclin des États-Unis, pour faire face à des problématiques américaines. Entendons ici l’interpellation de Jean Dufourcq, l’éditeur de la lettre d’analyse stratégique La Vigie (2). Il nous incite à sortir de « notre lassitude stratégique », à « cesser d’être à la remorque de modèle conçus ailleurs » et de nous réapproprier nos fondamentaux, en parti- culier en matière d’influence.

Michel Foucher, dans son Atlas de l’influence française au XXI siècle, n’écrit pas autre chose en nous incitant à garder notre identité culturelle et à utiliser le concept d’influence né en 1883 avec la création de l’Alliance française. Il s’agit dès lors de développer une intelligence stratégique du monde afin de préserver notre liberté d’action, notre capacité de manœuvre et donc notre influence.

Entretien complet en fichier joint.